Lancement du projet « Launch & Thrive » pour activer les réseaux d’écovillages

 

Le climat n’attend pas, tout nous le rappelle quotidiennement. Une des réponses les plus saines à la crise climatique actuelle, c’est de changer radicalement nos modes de consommation, en s’entraidant localement. Dans un écovillage, on vit bien plus sobrement que dans les écoquartiers, les villes en transitions ou encore en friches revitalisées.
C’est donc plus d’effort pour partager, socialiser, s’entendre pour vivre ensemble au quotidien, bien au-delà du bon voisinage. On peut voir ces différences en détails dans le livre Ecopol à télécharger ici et particulièrement cet article “écolieux en synthèse : les clés du succès”.

          Si les écovillages sont les plus engagés des sociétés modernes en terme de sobriété énergétique, c’est qu’en plus des économies d’énergies on y pratique l’écologie sociale : notamment budget en commun pour acheter bio-local en plus du loyer et des charges ; confiance en l’autre et culture du pardon pour réellement partager durablement des espaces, jardins, véhicules, machines, services et gérer ce budget ensemble au mieux ; retour à l’artisanat, libérés des esclaves énergétiques de nos manufactures polluantes.

Cela signifie une vie plus lente, moins productiviste, ancrée dans la biorégion, avec des réunions fréquentes pour la logistique, la gouvernance et les célébrations sympas.

Or nos gouvernements ne prennent pas beaucoup en compte ces dimensions de transdisciplinarité dans leurs politiques de soutien à la transition écologique. Par exemple, il n’existe aucune politique qui contraignent les lieux d’activités socioculturelles à inclure des cohabitats. Combien de centres socioculturels en Europe incluent des logements avec des cohabitants artisans micro-entrepreneurs qui gagnent leur vie sur place en gérant le restaurant, l’entretien du bâtiment, la production potagère pour manger bio-local… Les employés des centres socioculturels se lèvent le matin, vont au “travail” et rentrent le soir “chez eux”.
Idem pour les musées, les centres de désintox, les chambres du commerce etc : les structures institutionnelles sont séparées, en “silo” ; car en les mélangeant cela serait bien plus “compliqué” (mixité = risque)… mais pourtant bien plus “durable” (mixité = opportunité), comme c’est le cas des écovillages qui ont presque tous une ou des salles polyvalentes, une cafétéria, des espaces coworking, des réunions de logistique une ou plusieurs fois par mois etc …

De plus, vu le faible soutien des institutions publiques et médias à ces initiatives inhabituelles et vu que l’inconnu fait peur, de nombreuses personnes ont du mal à s’adapter à ces changements culturels qui nécessitent beaucoup de bienveillance et de persévérance pour nager à contre-courant de notre société individualiste de consommation qui “cloisonne”. Certaines personnes tombent donc dans le piège classique des mouvements pionniers peinant à s’entraider : stimulation des polémiques, querelles internes entre sous-groupes, division pour régner, faible coordination, difficultés à trouver des personnes qui s’engagent durablement …

Partners working on the project launch in Denmark. Photo: Stefania Bosso/CESURA

Bref, les écovillages sont des lieux de vie qui demandent de réels efforts de changement de comportements relationnels. Et une fois établis avec une bonne gouvernance partagée, les écovillages peuvent profondément inspirer celles et ceux qui espèrent que nous pouvons encore éviter l’effondrement brutal de notre qualité de vie.

On parle ici de vivre concrètement et pleinement la fameuse société à 2000 Watts que le GIEC et les COP nous demandent d’appliquer “radicalement”, pour éviter les chocs climatiques et sociaux qui se profilent.

Car pour faire partie du Réseau Global des Ecovillages (Global Ecovillage Netowrk, alias GEN), les critères sont bien plus contraignants que la seule efficacité énergétique (Minergie), loyers abordables (coopératives) ou la mobilité douce. C’est un mode de vie plus proche de la vie de campagne du 19e siècle que de la vie dans un écoquartier sans voiture d’une ville du 21e siècle : lent, tendre, sobre, donc bel et bien durable. Par exemple, on y évite les produits manufacturés pas chers des supermarchés, on y prépare des conserves pour l’hiver avec des plantes souvent sauvages, on y réduit nos espaces privés au profit de grande cafétérias (qu’il faut entretenir avec discipline et tolérance vu les attentes d’hygiène parfois divergentes) ; on y co-anime des initiatives d’entraides et d’entrepreneuriat social ; une bonne part des cohabitants y sont artisans (au sens large du terme). C’est ainsi qu’on sort ainsi progressivement des affres du consumérisme autodestructeur de la vie sur terre.

Co-working and team bonding between national networks on the beach! Photo: Stefania Bosso/CESURA

Fin 2022, en Romandie, seuls les Ecopols (les Smala de Grandvaux, Cheiry, un peu Lucens et nouvellement Yverdon) sont membres du GEN-Europe. Et notre équipe du cluster Ecopol & Cie s’implique maintenant pour que d’autres lieux fassent le pas de l’écologie technique vers l’écologie sociale… et rejoignent ainsi le GEN. Avec le temps, ce fort degré d’écologie communautaire pourrait devenir plus courant, ne serait-ce que par nécessité.

Vous avez dit lancer et prospérer ? Saviez-vous qu’il existe déjà des réseaux (bio)régionaux et nationaux d’écovillages dans plusieurs pays d’Europe ? De la France à la Finlande, de la Suisse à la Suède, ces réseaux d’écovillages jouent depuis longtemps un rôle extrêmement important. Ils rassemblent des écovillages et des projets ayant des points communs culturels et linguistiques, organisent des événements locaux, nationaux et régionaux.

Le projet Launch & Thrive réunit 7 réseaux d’écovillages représentés chacun par 2 à 4 membres, qui coopèrent pour stimuler ces réseaux d’Ecovillages. Les participants à ce projet se demandent : pourquoi certains réseaux prospèrent-ils alors que d’autres sont en sommeil ? Et que pouvons-nous faire pour soutenir les réseaux nouveaux et existants ?

Inspiré par des réseaux d’écovillages notamment au Ghana et en Ukraine, le projet Launch & Thrive, financé par le programme Européen de partenariats stratégiques Erasmus+, a été conçu pour découvrir comment mieux soutenir les réseaux d’écovillages, en échangeant les meilleures pratiques et en apprenant mutuellement entre les réseaux. Ces enseignements seront précieux pour les réseaux communautaires de toute nature : transitions des coopératives d’habitations vers plus d’écologie etc.

Des partenaires d’Allemagne, d’Espagne, d’Ukraine, d’Italie, de Suisse, du Danemark et du réseau balte d’écovillages participent au projet, afin de partager les meilleures pratiques (telles que les leçons de la croissance rapide et du succès de GEN Ukraine) et de renforcer leurs propres réseaux.

Ce projet qui dure 2 ans prévoit la création d’un manuel, d’une plateforme web et d’un kit d’apprentissage en ligne pour les réseaux existants et nationaux, tandis qu’un programme de mentorat et de « jumelage » réunira des réseaux plus ou moins performants afin de développer des relations de collaboration et de favoriser l’apprentissage par les pairs. Des ressources vidéo et des témoignages de réseaux performants serviront de support à ceux qui souhaitent approfondir la question du lancement d’un réseau et de son développement.

Le projet a été lancé juste après le Rassemblement Européen des Ecovillages, où nous avons pu constater la valeur de réseaux nationaux florissants comme GEN Ukraine, qui a réussi à prospérer même en période difficile. Les membres de tous les réseaux participants se sont réunis à Ananda Gaorii, au Danemark en été 2023, avec une déléguée des Ecovillages Smala de Romandie, où nous avons passé trois jours à apprendre à nous connaître et à approfondir notre compréhension commune du projet – tout en parvenant à profiter d’une visite d’un écovillage local pour nous inspirer.

Jusqu’en 2024, les partenaires travailleront ensemble pour rassembler des histoires, des études de cas, des meilleures pratiques et des outils et exemples concrets afin de créer une série de documents qui aideront les réseaux d’écovillages à se développer.

Nous visons notamment la mise en réseau de nombreuses initiatives incroyables de la partie francophone de la Suisse et des régions françaises proches, dans un esprit de biorégionalisme, telles que les coopératives d’habitations écologiques, les fermes bio fonctionnant en collectif solidaire, les centres de vie artistique avec une forte militance écologique.

Nous publierons des nouvelles dans notre newsletter Ecopol de Romandie
Restez à l’écoute pour en savoir plus !

Pour participer aux rencontres régionales, contact à info@ecopol.net

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